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| | Le chat en art... et en mots. | |
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Auteur | Message |
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Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:13 | |
| Le chat est oeuvre d'art. Mc Escher IL A NEIGE
Il a neigé dans l'aube rose, Si doucement neigé Que le chaton noir croit rêver C'est à peine s'il ose Marcher.
Il a neigé dans l'aube rose, Si doucement neigé Que les choses Semblent avoir changé.
Et le chaton noir n'ose S'aventurer dans le verger, Se sentant soudain étranger A cette blancheur ou se posent, Comme pour le narguer, Des moineaux effrontés.
Maurice Carême In La lanterne magique Carême (Maurice) , issu d’une famille modeste, est né le 12 mai 1899 à Wavre, dans le Brabant wallon. Il passe à Wavre une enfance campagnarde si heureuse qu’elle sera une des sources d’inspiration de son œuvre. En 1914, il écrit ses premiers poèmes. En septembre 1918, il est nommé instituteur à Anderlecht. Il quitte alors Wavre pour s’installer dans la banlieue bruxelloise. Il épouse, en 1921, Andrée Gobron, une institutrice originaire de Dison (Caprine dans ses poèmes). En 1933, il termine des études de déclamation au Conservatoire de Bruxelles. La même année, il fait construire , Avenue Melba à Anderlecht, la Maison Blanche, à l’image des maisons anciennes de son Brabant. Elle devient , en 1975, le siège de la Fondation Maurice Carême et le Musée Maurice Carême en 1978. En 1943, Maurice Carême quitte l’enseignement pour se consacrer entièrement à la littérature. Il meurt le 13 janvier 1978 à Anderlecht. | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:13 | |
| Steinlen MON PETIT CHAT
J'ai un petit chat Petit comme ça, Je l'appelle Orange.
Je ne sais pourquoi jamais il ne mange Ni souris ni rat
C'est un chat étrange Aimant le nougat et le chocolat.
Mais c'est pour cela, dit tante Solange Qu'il ne grandit pas
Maurice Carême, | |
| | | Daniel_f Administrateur
Nombre de messages : 31779 Date d'inscription : 02/01/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:15 | |
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| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:16 | |
| Toujours Steinlen
Le chat
Pour ne poser qu'un doigt dessus Le chat est bien trop grosse bête. Sa queue rejoint sa tête, Il tourne dans ce cercle Et se répond à la caresse.
Mais, la nuit l'homme voit ses yeux dont la pâleur est le seul don. Ils sont trop gros pour qu'il les cache Et trop lourds pour le vent perdu du rêve.
Quand le chat danse C'est pour isoler sa prison Et quand il pense C'est jusqu'aux murs de ses yeux.
Paul Eluard, Les animaux et leurs hommes, les hommes et leurs animaux.
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| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:17 | |
| Renoir. LE CHAT ET LE SOLEIL
Le chat ouvrit les yeux, Le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, Le soleil y resta,
Voilà pourquoi, le soir, Quand le chat se réveille, J'aperçois dans le noir Deux morceaux de soleil.
Maurice Carême In l'Arlequin
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| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:18 | |
| Franz Marc(a cette époque fortement influencé par Van Gogh) Et cette sérigraphie du même auteur. Les Chats
Les amoureux fervents et les savants austères Aiment également, dans leur mûre saison, Les chats puissants et doux, orgueil de la maison, Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires
Amis de la science et de la volupté Ils cherchent le silence et l'horreur des ténèbres; L'Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres, S'ils pouvaient au servage incliner leur fierté.
Ils prennent en songeant les nobles attitudes Des grands sphinx allongés au fond des solitudes, Qui semblent s'endormir dans un rêve sans fin;
Leurs reins féconds sont plein d'étincelles magiques Et des parcelles d'or, ainsi qu'un sable fin, Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.
Baudelaire, Les fleurs du mal
Dernière édition par le Février 13th 2008, 13:19, édité 1 fois | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
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| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:18 | |
| Steinlen L'apothéose des chats
Le Chat
I
Dans ma cervelle se promène, Ainsi qu'en son appartement, Un beau chat, fort doux et charmant. Quand il miaule, on l'entend à peine,
Tant son timbre est tendre et discret; Mais que sa voix s'apaise ou gronde, Elle est toujours riche et profonde. C'est là son charme et son secret.
Cette voix qui perle et qui filtre, Dans mon fonds le plus ténébreux, Me remplit comme un vers nombreux Et me réjouit comme un philtre.
Elle endort les plus cruels maux Et contient toutes les extases; Pour dire les plus longues phrases, Elle n'a plus besoin de mots.
Non, il n'est pas d'archet qui morde Sur mon coeur, parfait instrument, Et fasse plus royalement Chanter sa plus vibrante corde,
Que ta voix, chat mystérieux, Chat séraphique, chat étrange, En qui tout est, comme en un ange, Aussi subtil qu'harmonieux!
Baudelaire, Les fleurs du mal | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:19 | |
| Scattergood-Moore
Le Chat
II
De sa fourrure blonde et brune Sort un parfum si doux, qu'un soir J'en fus embaumé, pour l'avoir Caressé une fois, rien qu'une.
C'est l'esprit familier du lieu; Il juge, il préside, il inspire Toutes choses dans son empire; Peut-être est-il fée, est-il dieu?
Quand mes yeux vers ce chat que j'aime Tirés comme par un aimant, Se retournent docilement Et que je regarde en moi-même,
Je vois avec étonnement Le feu de ses prunelles pâles, Clairs fanaux, vivantes opales, Qui me contemplent fixement.
Baudelaire, Les fleurs du mal | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:21 | |
| Andy Warhol
Comment appeler son chat
C'est un art délicat, que d'appeler son chat : Le baptiser n'est pas un simple passe-temps. Je ne travaille pas du chapeau, croyez-moi, Mais sachez-le, un chat a trois noms différents. Un chat a, tout d'abord, son nom de tous les jours, Comme Pierre ou Jean-Paul, Aglaë, Pompadour, Comme sylvain ou Luc, Chat-fouuré, Cyprien... Tous sont des noms sérieux, pour chats bien de chez nous. Mais un chat a besoin, il faut que ça se sache, D'un vrai nom personnel, un nom plus majestueux. Sans ce nom, il ne peut pas redresser sa queue, Affirmer sa fierté, hérisser ses moustaches. Des noms de cette sorte, en veux-tu, en voilà, Comme Méta-Mhétyl. Ouitchi, Kalikola... Mais par-dessus tout ça, il reste encore un nom, C'est le nom que jamais nul ne peut deviner, C'est le nom dont jamais nul ne saura le nom, LE CHAT QUI LE CONNAIT ne veut le révéler...
Thomas Stearns Eliot ELIOT Thomas Stearns, écrivain anglais d'origine américaine, né à Saint Louis (1888-1965). Critique de la société moderne à travers les mythes antiques (la Terre gaste). Il évolua vers un catholicisme mystique (Meurtre dans la cathédrale). [Prix Nobel, 1948.] | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:22 | |
| Auteur??????? Le Chat
Viens, mon beau chat, sur mon coeur amoureux; Retiens les griffes de ta patte, Et laisse moi plonger dans tes beaux yeux, Mêlés de métal et d'agate.
Lorsque mes doigts caressent à loisir Ta tête et ton dos élastique, Et que ma main s'enivre du plaisir De palper ton corps électrique,
Je vois ma femme en esprit. Son regard, Comme le tien, aimable bête Profond et froid, coupe et fend comme un dard,
Et des pieds jusques à la tête, Un air subtil, un dangereux parfum, Nagent autour de son corps brun.
Baudelaire, Les fleurs du mal Baudelaire (Charles), écrivain français, né à Paris (1821-1867). Héritier du romantisme et fidèle à la prosodie traditionnelle, il exprime à la fois le tragique de la destinée humaine et une vision mystique de l'univers, où il découvre de mystérieuses "correspondances". Ses poèmes (Les Fleurs du mal, 1857; Petits Poèmes en prose, 1869) et son oeuvre critique (l'Art romantique, 1868) sont à la source de la sensibilité moderne.[/b][/color]
Dernière édition par Diane le Mars 18th 2010, 17:35, édité 2 fois | |
| | | jaco43 mangeur de lionnes non-dégriffées
Nombre de messages : 17679 Date d'inscription : 02/01/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:34 | |
| Très beau sujet et tellement bien amené, Di! | |
| | | Daniel_f Administrateur
Nombre de messages : 31779 Date d'inscription : 02/01/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 13:36 | |
| Effectivement, c'est beau Diane... | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:13 | |
| Foujita Le chat bourgeois
Un chat tuait sans vrai désir. C'était un chat très riche et il n'avait pas faim Il faut bien se distraire enfin : Chat bourgeois a tant de loisirs.... On ne peut pas toujours dormir sur un coussin.
De souris, il ne mangeait guère ; Son pedigree fameux l’ayant mis au dessus Des nourritures du vulgaire. Son régime était strict. Cet immeuble cossu, En outre visité, à des dates périodiques, Par les services de la dératisation, Gens aux procédés scientifiques, Tuant sans joie ni passion, Au nom de I’administration, De rat, de vrai bon rat, qui fuit et qu’on rattrape Négligemment, ne le tuant qu’à petits coups Sans tuer son espoir - vrai plaisir de satrape - Il n'y en avait plus du tout Avec leurs poisons et leurs trappes. Restaient quelques moineaux bêtes et citadins, Race ingrate Qu’on étendait d'un coup de patte : Assez misérable fretin. Oubliant les rats, L’employé du service d'hygiène ne vint pas. On l'avait convoqué Sur une autre frontière. Pour tuer cette fois des hommes. Et la guerre, Approchant à grands pas des quartiers élégants, Les maîtres de mon chat durent fuir sans leurs gants, En un quart d'heure, sur les routes incertaines. Dans l'impérieux souci de sauver leur bedaine Ils oublièrent tout, les bonnes et le chat. Les bonnes changèrent d'état. Loin de Madame, violées par des militaires, Elles si réservées, elles se révélèrent Putains de beaucoup de talent. Leur train de vie devint tout à coup opulent Et elles prirent une bonne. Après un temps de désarroi, Le chat, devenu chat, comprit qu’il était roi; Que la faim est divine et que la lutte est bonne. D'un oeil blanc, d'une oreille arrachée aux combats Dont il sorti vainqueur contre les autres chats, Il paya ses amours royales sous la lune. Sans régime et sans soin, ne mangeant que du rat Il perdit son poil angora Qui ne tenait qu’à sa fortune Et auquel il ne tenait pas; Il y gagna la mine altière Et l’orgueil des chats de gouttière, Et bénit à jamais la guerre Qui offre aux chats maigris des chattes et des rats.
Jamais ce que l'on vous donne Ne vaudra ce que l'on prend Avec sa griffe et sa dent. La vie ne donne à personne.
Jean Anouilh, Fables.
Dernière édition par le Février 13th 2008, 14:44, édité 1 fois | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
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| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:18 | |
| Michael Leu
Epitaphe d'un chat
Petit museau, petites dents, Yeux qui n'étaient point trop ardents, Mais desquels la prunelle perse Imitait la couleur diverse Qu'on voit en cet arc pluvieux Qui se courbe au travers des cieux ; La tête à la taille pareille, Le col grasset, courte l'oreille, Et dessous un nez ébénin Un petit mufle léonin, Autour duquel était plantée Une barbelette argentée, Armant d'un petit poil follet Son musequin damoiselet ; La gorge douillette et mignonne, la queue longue à la gueunonne, Mouchetée diversement D'un naturel bigarrement : Tel fut Belaud la gente bête Qui des pieds jusques à la tête, De telle beauté fut pourvu Que son pareil on n'a point vu.
Joachim du Bellay
Bellay (DU), JOACHIM, poète français, né près de Liré (1522-1560), Ami et collaborateur de Ronsard, il rédigea le manifeste de la Pléiade, Défense et illustration de la langue française (1549). Du séjour qu'il fit à Rome comme secrétaire de son cousin le cardinal, il rapporta deux recueils poétiques : les Antiquités de Rome et les Regrets (1558), qui expriment ses déceptions et ses nostalgies. | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
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| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:20 | |
| Rosina Watchmeinster. A une Chatte
Chatte blanche, chatte sans tache, Je te demande, dans ces vers, Quel secret dort dans tes yeux verts, Quel sarcasme sous ta moustache.
Tu nous lorgnes, pensant tout bas Que nos fronts pâles, que nos lèvres Déteintes en de folles fièvres, Que nos yeux creux ne valent pas
Ton museau que ton nez termine, Rose comme un bouton de sein, Tes oreilles dont le dessin Couronne fièrement ta mine.
Pourquoi cette sérénité? Aurais-tu la clé des problèmes Qui nous font, frissonnant et blèmes, Passer le printemps et l'été?
Devant la mort qui nous menace, Chats et gens, ton flair, plus subtil Que notre savoir, te dit-il Où va la beauté qui s'efface,
Où va la pensée, où s'en vont Les défuntes splendeurs charnelles? ... Chatte, détourne tes prunelles; J'y trouve trop de noir au fond.
Charles Cros Cros (Charles) , poète et savant né à Fabrezan (1842-1888). Il découvrit un procédé de photographie des couleurs (1869) en même temps que Ducos du Hauron et eut l'idée du phonographe dès 1877. | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:22 | |
| Berceuse
Endormons-nous, petit chat noir. Voici que j'ai mis l'éteignoir Sur la chandelle. Tu vas penser à des oiseaux Sous bois, à de félins museaux... Moi rêver d'elle.
Nous n'avons pas pris de café, Et dans mon lit bien chauffé (Qui veille pleure.) Nous dormirons, pattes dans bras. Pendant que tu ronronneras, J'oublierai l'heure.
Sous tes yeux fins, appesantis, Reluiront les oaristys De la gouttière. Comme chaque nuit, je croirai La voir, qui froide a déchiré Ma vie entière.
Et ton cauchemar sur les toits Te diras l'horreur d'être trois Dans une idylle. Je subirais les yeux railleurs De son faux cousin, et ses pleurs De crocodile.
Si tu t'éveilles en sursaut Griffé, mordu, tombant du haut Du toit, moi-même Je mourrai sous le coup félon D'une épée au bout du bras long Du fat qu'elle aime.
Puis hors du lit, au matin gris, Nous chercherons, toi, des souris, Moi, des liquides Qui nous fassent oublier tout, Car au fond, l'homme et le matou Sont bien stupides.
Charles Cros
Dernière édition par Diane le Mars 18th 2010, 17:33, édité 3 fois | |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:25 | |
| Je souhaite dans ma maison : Une femme ayant sa raison, Un chat passant parmi les livres, Des amis en toute saison Sans lesquels je ne peux pas vivre. Guillaume Apollinaire |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:26 | |
| Le matou
« Je suis le matou. Je mène la vie inquiète de ceux que l'amour créa pour son dur service. Je suis solitaire et condamné à conquérir sans cesse, et sanguinaire par nécessité. Je me bats comme je mange, avec un appétit méthodique, et tel qu’un athlète entraîné, qui vainc sans hâte et sans fureur.
C'est le matin que je rentre chez vous. Je tombe avec l’aube, et bleu comme elle, du haut de ces arbres nus, où tout à l’heure je ressemblais à un nid dans le brouillard. Ou bien, je gIisse sur le toit incliné, jusqu’au balcon de bois; je me pose au bord de votre fenêtre entrouverte, comme un bouquet d'hiver ; respirez sur moi toute la nuit de décembre et son parfum de cimetière frais ! Tout à l'heure, quand je dormirai, ma chaleur et la fièvre exhaleront l'odeur des buis amers, du sang séché, le musc fauve...
Car je saigne, sous la charpie soyeuse de ma toison. Il y a une plaie cuisante à ma gorge, et je ne lèche même pas la peau fendue de ma patte. Je ne veux que dormir, dormir, dormir, serrer mes paupières sur mes beaux yeux d’oiseau nocturne, dormir n’importe où, tombé sur le flanc comme un chemineau, dormir inerte, grumeleux de terre, hérissé de brindilles et de feuilles sèches, comme un faune repu....
Je dors, je dors... Une secousse électrique me dresse parfois, - je gronde sourdement comme un tonnerre lointain, - puis je retombe....Même à l'heure où je m'éveille tout à fait, vers la fin du jour, je semble absent et traversé de rêves ; j’ai l’oeil vers Ia fenêtre, l’oreille vers la porte...
Hâtivement lavé, raidi de courbatures, je franchis le seuil, tous les soirs à la même heure, et je m'éloigne, tête basse, moins en élu qu'en banni ... Je m'éloigne, balancé comme une pesante chenille, entre les flaques frissonnantes, en couchant mes oreilles sous le vent. Je m'en vais, insensible à la neige. Je m'arrête un instant, non que j'hésite, mais j’écoute les rumeurs secrètes de mon empire, je consulte l'air obscur, j’y lance, solennels, espacés, lamentables, les miaulements du matou qui erre et qui défie. Puis, comme si le son de ma voix m'eût soudain rendu frénétique, je bondis... On m'aperçoit un instant sur le faîte d'un mur, on me devine là-haut, rebroussé, indistinct et flottant comme un lambeau de nuée - et puis on ne me voit plus...
Les nuits d’amour sont longues ... Je demeure a mon poste, dispos, ponctuel et morose. Ma petite épouse délaissée dort dans sa maison. Elle est douce et bleue, et me ressemble trop. Ecoute-t-elle, du fond de son lit parfumé, les cris qui montent vers moi ? Entend-elle, rugi au plus fort d'un combat par un mâle blessé, mon nom de bête, mon nom ignoré des hommes ?
Oui, cette nuit d'amour se fait longue. Je me sens triste et plus seul qu’un dieu... Un souhait innocent de lumière, de chaleur, de repos traverse ma veille laborieuse... Qu’elle est lente à pâlir, l'aube qui rassure les oiseaux et disperse le sabbat des chattes en délire ! Il y a beaucoup d'années déjà que je règne, que j'aime et que je tue... Il y a très longtemps que je suis beau... Je rêve, en boule, sur le mur glacé de rosée ... J’ai peur de paraître vieux.
Colette (la paix chez les bêtes)[b] |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:26 | |
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Le chat et l'oiseau
Un village écoute désolé Le chant d'un oiseau blessé C'est le seul oiseau du village Et c'est le seul chat du village Qui l'a à moitié dévoré Et l'oiseau cesse de chanter Le chat cesse de ronronner Et de se lécher le museau Et le village fait à l'oiseau De merveilleuses funérailles Et le chat qui est invité Marche derrière le petit cercueil de paille Où l'oiseau mort est allongé Porté par une petite fille Qui n'arrête pas de pleurer Si j'avais su que cela te fasse tant de peine Lui dit le chat Je l'aurais mangé tout entier Et puis je t'aurais raconté Que je l'avais vu s'envoler S'envoler jusqu'au bout du monde Là-bas c'est tellement loin Que jamais on n'en revient Tu aurais eu moins de chagrin Simplement de la tristesse et des regrets
Il ne faut jamais faire les choses à moitié
Jacques Prévert
Dernière édition par Diane le Mars 18th 2010, 17:34, édité 3 fois | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:27 | |
| Ahhhhh Lolo c'est beau... MERCI. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:29 | |
| AAAAAAAAAh Diane, merci à toi , ça fait un bien fou |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:29 | |
| Picasso Femme nue couchant avec un chat. Semonce à Mistigri
Mon Mistigri, mon infidèle, Tu dois venir quand je t'appelle, Au lieu de courir la souris Tout le jour et encor la nuit. Je n'aime pas cette manière De te sauver dans les jardins Quand je t'ai préparé du pain, Et de la sauce et du gruyère... Tu en connais, toi, des maîtresses Aussi patientes que je suis, Et qui vous font milles caresses Après qu'on s'est si mal conduit ?
Jean Desmeuze | |
| | | Diane Lionne non dégriffée
Nombre de messages : 21348 Age : 78 Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:33 | |
| Le Chat Qui ne Ressemble à rien
Le chat qui ne ressemble à rien Aujourd'hui ne va pas très bien.
Il va visiter le Docteur Qui lui ausculte le coeur.
Votre coeur ne va pas bien Il ne ressemble à rien,
Il n'a pas son pareil De Paris à Créteil.
Il va visiter sa demoiselle Qui lui regarde la cervelle.
Votre cervelle ne va pas bien Elle ne ressemble à rien,
Elle n'a pas son contraire A la surface de la terre.
Voilà pourquoi le chat qui ne ressemble à rien Est triste aujourd'hui et ne va pas bien.
Robert Desnos
DESNOS Robert, poète français, nè à Paris, mort en déportation (1900-1945). Il évolua du surréalisme vers un lyrisme plus quotidien (Corps et bien, Domaine Public).
Dernière édition par Diane le Mars 18th 2010, 17:35, édité 1 fois | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. Février 13th 2008, 14:35 | |
| Portrait dit, autrefois de Pierre Loti, vraisemblablement d'Edmond Achille Frank Henri Rousseau 1906 Kunsthaus Zürich Le chat Gwen John Quand on est chat on est pas vache on ne regarde pas passer les trains en mâchant des pâquerettes avec entrain on reste derrière ses moustaches (quand on est chat, on est chat) Quand on est chat on est pas chien on ne lèche pas les vilains moches parce qu'ils ont du sucre plein les poches on ne brûle pas d'amour pour son prochain (quand on est chat, on est pas chien) On passe l'hiver sur le radiateur à se chauffer doucement la fourrure au printemps on monte sur les toits pour faire taire les sales oiseaux On est celui qui s'en va tout seul et pour qui tous les chemins se valent (quand on est chat, on est chat). Jacques Roubaud |
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| Sujet: Re: Le chat en art... et en mots. | |
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| | | | Le chat en art... et en mots. | |
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