Paul «TEX» Lecor
Né à St-Michel-de-Wenworth dans la région de Lachute, le 10 juin 1933, Paul «Tex» Lecor y vivra une enfance pleine d’images où, dans l’atelier de son père, un peintre issu de la Bretagne, il acquerra la passion des arts et l’amour de la mer.
À l’âge de 18 ans, encouragé par son professeur, le frère de Paul-Émile Borduas, Tex entreprend des études aux Beaux-Arts de Montréal. Il y restera pendant six ans. Peu après, il s’installe rue Ste-Famille, véritable pépinière d’artistes, puis plus à l’est, rue Cherrier, tout près de chez Léo Ayotte. Entre ces deux artistes à l’esprit bohème naîtra une longue et solide amitié.
En 1960, les recettes de l’artiste sont maigres et les ventes occasionnelles de ses tableaux ne lui permettent pas de vivre de son art. Tex, qui gratte la guitare, possède une voix agréable et l’oreille musicale, tâte alors la chanson et le domaine du spectacle. Le succès ne se fait pas attendre. Dès 1970, commencera une lucrative carrière de chanteur, animateur, humoriste avec la populaire émission télévisée «Sous mon toit» (1970 à 1976), l’enregistrement du «Frigidaire» (1974), l’émission-piège «Les insolences d’un téléphone» et l’hebdomadaire radiophonique «Le Festival de l’humour».
Si l’artiste populaire est présent partout, le peintre n’a pas été mis au rancart pour autant. En fait, dès 1970, maintenant à l’aise financièrement et disposant de plus de temps, Tex déploie une activité débordante en peinture. En 1972, il fait la rencontre de Denis Beauchamp, propriétaire d’une galerie d’art à Laval, qui lui propose de s’occuper de la vente de ses tableaux. Sa première exposition aura lieu quatre ans plus tard à la Galerie des Peintres du Québec, à Montréal. C’est également à cette époque qu’il déménage ses pénates et s’installe à St-Louis-de-Terrebonne, où il vit encore.
Maison de Tex Terrebonne
La grange à pépère
Les grands jardins-Charlevoix
Le lac à bouette
De 1970 à 1980, Tex Lecor s’applique à se perfectionner. Il adopte la technique de Marc-Aurèle Fortin, qu’il admire, laquelle consiste à travailler le sujet sur fond noir, bleu ou rouge. Scènes de groupes, en plein air où à l’intérieur, manifestent alors sa très grande maîtrise de la technique doublée d’un excellent sens de la composition et d’un grand souci du détail. La recherche de la luminosité continue aussi de s’accomplir, lentement mais sûrement. C’est durant cette période que commenceront les voyages de peinture qui l’amèneront en Mauricie, au Saguenay-Lac-St-Jean, à Charlevoix, au Nouveau-Québec et d’où il ramènera en tableaux aussi bien les solides bûcherons, les pêcheurs ou les Inouits que la faune fréquentant les tavernes. Son style, sa façon de voir, de sentir et de s’exprimer se développent, laissant présager du brillant coloriste qu’il deviendra.
Le réveur
Mon chum TiBoutte
Gens de la mer
Verger Oka
Le début des années 80 marque pour l’artiste le passage de l’ombre à la lumière. Il maîtrise enfin l’acrylique qu’il tente de mater depuis 15 ans. Sa palette se fait plus réduite mais plus brillante aussi. Sa touche est solide et fière, la ligne conquérante. Le peintre, qui se consacre maintenant à son art de manière constante, se concentre plus que jamais sur la brillance du coloris, la beauté de la matière et le mouvement qui donne toute sa vie au tableau. Choisi en 1987 comme ambassadeur itinérant de la peinture canadienne par Iris-Film, il parcourt ainsi les dix provinces et y rencontre d’autres peintres. Cet épisode sera déterminant dans sa carrière de l’artiste. Les tableaux ramenés de ce périple étonnent par la richesse des couleurs, la simplicité du traitement et l’originalité des sujets, comme toujours croqués sur le vif. Sous le ciel des Rocheuses, Tex Lecor découvre une nouvelle façon de voir. Plus que jamais, sa peinture s’illumine.
Aujourd’hui, soit plus de 40 ans après sa sortie des Beaux-Arts, Paul «Tex» Lecor est un artiste complet. Virtuose de la couleur, habile dessinateur et fin observateur, Tex continue de parfaire sa vision des choses et de donner vie à toutes les images qui meublent son imaginaire. Sa palette audacieuse, son style incomparable et inclassable, sa verve et son humour en font l’un des peintres figuratifs les plus connus et reconnus du Canada. Ses œuvres côtoient aujourd’hui celles des plus grands dans des galeries canadiennes, américaines et européennes.
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Texte paru dans la brochure promotionnelle du Festival de peinture à Mascouche, 1998