Entraide informatique et divertissement
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| | | Sol Ouvert... |  |
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| Auteur | Message |
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Diane
Lionne non dégriffée
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Date d'inscription : 20/02/2007
| Sujet: Re: Sol Ouvert...  Septembre 29th 2008, 12:58 | |
| 44 - Tu joues moins de guitare ces temps-ci…
- Mon ampli ne fonctionne plus très bien et j’ai la flemme d’aller le faire réparer en ville…
- Et l’autre, la guitare sèche ?
- Je ne m’en suis plus servi depuis un paquet d’années. C’est une très mauvaise guitare, un son épouvantable ! Remarque, elle ne m’a pas coûté cher, je l’ai racheté à Luc pour trois fois rien…
- Ton frère joue de la guitare ?
- Il a voulu en jouer. C’était son truc pendant un temps… Pas long-temps, en fait… Quand il s’est aperçu qu’il fallait travailler un minimum son instrument, que jouer une mélodie ne tombait pas du ciel, il a raccroché. Et moi je lui ai racheté sa guitare.…
- Tu ne veux pas en jouer ?
- Maintenant ?
- Pour me faire plaisir…
- Bon…
Je jouai les cordes une à une… ploink, ploink, ploink… le désaccord intégral. Depuis le temps qu’elle traînait au garage, le manche avait eu tout loisir de se déformer au gré des changements de température et du taux d’humidité.
- Bon, il va falloir la raccorder...
Je touchai la première mécanique, tendis la première corde, la grosse, le mi, le bourdon. Et tout céda. Tout. C’est-à-dire que le chevalet où s’attachaient les cordes se décola de la caisse, véritable catapulte sous la tension des cordes, sans doute sur-tendues déjà par les fluctuations du manche.
Un cri. Le mien. Je n’avais jamais supporté d’accorder une guitare. La peur que les cordes me claquassent au nez.
Un second cri : moins puissant. Plus profond. Cat. Cat qui se tenait le visage à deux mains. Cat qui gémissait. Cat qui s’écroula, genoux à terre.
- Mon œil, Liam, mon œil… J’ai mal…
Du sang s’écoula d’entre ses doigts. Je me penchai sur elle, écartai doucement les mains de son visage. Son œil pendait hors de son orbite. Son œil, son œil vivant. Cat avait reçu le chevalet en plein dedans avec la force d’un claquement de fouet. L’œil avait giclé.
« We all need someone we can bleed on… » | |
| | | | Diane
Lionne non dégriffée
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| | Sujet: Re: Sol Ouvert... Septembre 29th 2008, 13:02 | |
| 45 Les trois éclairs de ma vie. Trois femmes. Mes trois femmes. La première m’avait quitté à deux reprises ; la deuxième était morte ; et la troisième reposait en salle de réanimation sous surveillance médicale. Tragique et dérisoire comptine.
J’attendais. Le couloir était blanc, propre et laid. Un couloir d’hôpital. L’opération s’était bien déroulée, le chirurgien m’avait rassuré un quart d’heure plus tôt.
Seul et nerveux, je surveillais la porte de la salle de réanimation.
Je ne me berçais d’aucune illusion : l’œil de Cat était perdu. Cat n’était plus borgne mais aveugle. Aveugle. Un peintre, aveugle…
Et recommença pour Cat le cycle hospitalisation-convalescence. Grâce à moi, Cat laissa au vestiaire la phase dépression. Grâce à moi, son amant, responsable de sa cécité. Le paradoxe était devenu pour moi comme une seconde peau.
Cat m’anoblit au rang de chevalier-radar : je serai ses yeux, désor-mais.
Cat peignait. Elle portait un bandeau à damiers noir et blanc sur son œil gauche, un pansement sur le droit, tenait ses brosses entre les dents comme à son habitude. Elle les distinguait entre elles avec ses seuls doigts qui ainsi se chargeaient des couleurs de sa palette et en laissaient diverses empreintes dans toute la maison. Je renonçai à les effacer, préférant que les murs s’habillassent de la lumière intérieure de ma nouvelle épouse. Nous nous étions mariés dès sa sortie d’hôpital. Cérémonie simple à la mairie avec pour témoins et unique assistance, Fidel et la tante de Cat, celle qui possédait la galerie à Nantes et exposait à présent les toiles de sa nièce.
Je participais au travail de Cat. C’était moi qui déposais la peinture sur la palette selon les ordres de Cat. Moi qui la renseignais sur la consistance de ses mélanges, guidais ses brosses par rapport aux contours de la toile, commentais le résultat (il m’avait fallu apprendre tout le vocabulaire technique…)
Quand Cat émit son envie de peindre à nouveau, qu’elle tissa les grandes lignes de la façon dont elle allait procéder et m’utiliser, utiliser mes yeux, je ne m’imaginai d’autres voies que l’abstraction. Cat me surprit encore. Dès la première esquisse, Cat construisit une marine. Côte bretonne sous les embruns. Depuis, elle explorait cette voie, traçait son sillon, ses pinceaux comme socs et moi comme cheval de trait, patient et précis. Cat peignait des deux mains dorénavant. Elle était devenue ambidextre grâce à l’apprentissage du braille. Cat m’expliqua : « Quand tu écris en braille, tu poinçonnes ta feuille, y créées des signes en relief… Que tu lis donc inversés par rapport à leur écriture… C’est une excellente gymnastique pour développer une bilatéralité… Et ainsi apprendre à se servir de sa main gauche… Tu vois, j’aurai toujours gagné ça ! »
Cat explora aussi ses facultés auditives. Cat me montra du doigt où logeait mon fameux hibou, rien qu’à l’écoute du vol lourd dans le silence nocturne…
La tante de Cat était enthousiaste. Je l’étais aussi. Cat, moins. Elle refusait avec obstination qu’il fût fait mention de sa cécité auprès des visiteurs de la galerie. Qu’elle fit à son envie, cela n’empêcha pas ses toiles de se vendre à bon prix et sa côte de grimper auprès des amateurs, et des professionnels aussi…
Cat fuit la presse. Facile au début : ses tableaux s’achetaient à Nantes, à cinq cent kilomètres de son atelier. Je tentai de la prévenir, d’amortir le choc : bientôt ils la débusqueraient et nous ne couperions pas aux visites des journalistes de la Dépêche, puis de France 3… Je redoutais cet instant, me demandant si Cat ne leur ferait pas le coup de l’œil de verre…
Pour l’instant, elle dormait. Je la regardais dormir. Elle fermait les yeux. Je souris devant le dessin qu’elle s’était fait tatouer sur l’épaule droite. Le haut d’un manche de guitare où se distinguaient cinq cordes. Pas six : cinq.
Je déposai un baiser sur ce sol ouvert. | |
| | | | Diane
Lionne non dégriffée
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Date d'inscription : 20/02/2007
| | Sujet: Re: Sol Ouvert... Septembre 29th 2008, 13:07 | |
| Ouf terminé le petit livre. Sur Philippe: ICI J'ai lu ces deux livres publiés...de la même façon que j'ai lu Sol Ouvert, par brides. J'aime cette écriture qui ns fait languir et deviner. J'aime sa folie aussi (parce que l'oeil du clin d'oeil spécial...  il faut quand même y penser hein?) au travers le livre. Parfois je souris, parfois je ris. Les personnages principaux et l'auteur sont tellement différents, c'est a ça qu'on reconnaît un bon auteur? moi je l'aime beaucoup en tout cas. Il a mon plus grand respect. En mettant son nom sur Google les pages défilent... MERCI PHILIPPE pour cette lecture agréable et aussi pour les précédentes. | |
| | | | Renaud
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Date d'inscription : 16/02/2007
| | Sujet: Re: Sol Ouvert... Septembre 29th 2008, 17:53 | |
| Première moitiée du livre que nous pouvons trouver trop chargé de sexe,mais qui s'explique dans le dévelopement de la deuxième moitiée.Très bon teste qu se lit très bien et ne laisse enrien prévoir le dénouement.Je l'aurais quand même préféré moins sombre. | |
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| | Sujet: Re: Sol Ouvert... | |
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| | | | | | Sol Ouvert... | |
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